| Rédacteur : Philippe Cirta |
L’épopée du baron Von Ungern-Sternberg, surnommé « Le Baron Fou », nous est proposée par le duo formé par Rodolphe au scénario (Centaurus, Kenya, Namibia, Robert Sax…) et Michel Faure au dessin (La Balade au bout du monde, Elsa, Le décalogue, Camargue Rouge…), dans un nouvel album paru chez Glénat.
Les auteurs font revivre de façon romancée cet épisode sanglant de la guerre acharnée entre russes blancs et bolchéviques dans les confins de la Sibérie et de la Mongolie des années 1920. Ils nous racontent l’histoire de Nicolaï Robert Maximilian (en russe Roman Fiodorovitch) Von Ungern-Sternberg, rejeton d’une des quatre grandes familles allemandes de la Baltique, général de l’armée russe blanche, blessé cinq fois pendant la Grande Guerre, réputé autant pour sa bravoure que pour son instabilité psychique…
Cet illuminé sanguinaire, féru de shamanisme, ennemi implacable des bolchéviques, rêvait de recréer l’empire de Gengis Khan à la tête de sa division de cavalerie mongole surnommée « la division sanglante ». Sillonnant les immenses territoires de la Transbaïkalie, Von Ungern poursuivit son rêve tout en sachant que sa vie serait trop courte pour en voir la réalisation.
Le récit de Rodolphe et Michel Faure se fait par l’intermédiaire d’Elisabeth, une vieille anglaise, qui se remémore dans les années cinquante, son odyssée dans la Sibérie de l’après Grande Guerre, à la recherche de son mari, un médecin allemand enrôlé dans les troupes tsaristes. Aiguillonnés lors d’une kermesse par la vue d’une carte à jouer, les souvenirs d’Elisabeth reviennent à la surface et elle finit par les raconter à sa fille. Elle dépeint sa rencontre et le bout de route qu’elle fit avec le général et baron Von Ungern, durant son périple le long du chemin de fer transsibérien.
Les auteurs ressuscitent les chevauchées sauvages dans la steppe immense, les charges de cavalerie « sabre au clair » et les mythiques trains blindés qui sillonnaient la Sibérie en guerre. On ne peut s’empêcher de penser à « Corto Maltese en Sibérie » d’Hugo Prat, à la différence que Von Ungern a réellement existé et que son parcours a été tout aussi sanglant que celui dépeint par Rodolphe et Michel Faure. Au hasard des pages, on croise quelques personnages historiques tels le sanguinaire Ataman Semenov ou Ferdynand Ossendowsky, l’auteur de l’étrange « Bêtes, hommes et Dieux » qui rencontra vraiment Von Ungern sur son chemin vers le Tibet.
Aux travers du récit d’Elisabeth un peu d’humanité est donné au personnage si sombre et cruel de Von Ungern, sa personnalité tourmentée nous est révélée, on découvre sa complexité, sa fragilité. Il n’est plus seulement ce général mégalomane et cruel que l’Histoire a retenu. Les rapports qui se nouent entre Elisabeth et Von Ungern nous montrent autre chose de ce dernier, ses sentiments d’hommes, des plus touchants aux plus noirs. Le scénario de Rodolphe mélange habilement la grande Histoire et des aventures romanesques, les personnages authentiques et d’autres de pure fiction. Le récit est plaisant, rythmé, sans temps morts même quand on passe des scènes d’action à des scènes plus intimistes, notamment celles entre Elisabeth et Von Ungern.
Le dessin de Michel Faure, réaliste, au trait fin et précis, en couleurs directes, illustre à merveille le récit et en restitue parfaitement l’ambiance. Quelques belles « gueules » nous sont offertes ; les expressions des visages sont bien rendues, les costumes et équipements sont plus vrais que nature et quelques grandes cases nous révèlent les paysages immenses et les scènes de bataille.
Les amateurs d’Histoire, dont je suis, trouveront dans cet album une illustration réussie de la guerre sans merci entre russes blancs et rouges dans l’extrême Orient des années vingt, ainsi qu’une évocation de ce personnage si étrange du baron Von Ungern-Sternberg. Les autres amateurs de bande dessinée découvriront un récit d’aventure superbement mené et dessiné. Et cela sans oublier une bien belle description des sentiments et des tourments de l’âme humaine.
Un deuxième tome nous emmènera vers la fin tragique de Von Ungern et nous contera la suite du périple d’Elisabeth. Nous découvrirons avec plaisir l’évolution des rapports entre ces deux êtres si différents et marqués par le destin.
Les auteurs font revivre de façon romancée cet épisode sanglant de la guerre acharnée entre russes blancs et bolchéviques dans les confins de la Sibérie et de la Mongolie des années 1920. Ils nous racontent l’histoire de Nicolaï Robert Maximilian (en russe Roman Fiodorovitch) Von Ungern-Sternberg, rejeton d’une des quatre grandes familles allemandes de la Baltique, général de l’armée russe blanche, blessé cinq fois pendant la Grande Guerre, réputé autant pour sa bravoure que pour son instabilité psychique…
Cet illuminé sanguinaire, féru de shamanisme, ennemi implacable des bolchéviques, rêvait de recréer l’empire de Gengis Khan à la tête de sa division de cavalerie mongole surnommée « la division sanglante ». Sillonnant les immenses territoires de la Transbaïkalie, Von Ungern poursuivit son rêve tout en sachant que sa vie serait trop courte pour en voir la réalisation.
Le récit de Rodolphe et Michel Faure se fait par l’intermédiaire d’Elisabeth, une vieille anglaise, qui se remémore dans les années cinquante, son odyssée dans la Sibérie de l’après Grande Guerre, à la recherche de son mari, un médecin allemand enrôlé dans les troupes tsaristes. Aiguillonnés lors d’une kermesse par la vue d’une carte à jouer, les souvenirs d’Elisabeth reviennent à la surface et elle finit par les raconter à sa fille. Elle dépeint sa rencontre et le bout de route qu’elle fit avec le général et baron Von Ungern, durant son périple le long du chemin de fer transsibérien.
Les auteurs ressuscitent les chevauchées sauvages dans la steppe immense, les charges de cavalerie « sabre au clair » et les mythiques trains blindés qui sillonnaient la Sibérie en guerre. On ne peut s’empêcher de penser à « Corto Maltese en Sibérie » d’Hugo Prat, à la différence que Von Ungern a réellement existé et que son parcours a été tout aussi sanglant que celui dépeint par Rodolphe et Michel Faure. Au hasard des pages, on croise quelques personnages historiques tels le sanguinaire Ataman Semenov ou Ferdynand Ossendowsky, l’auteur de l’étrange « Bêtes, hommes et Dieux » qui rencontra vraiment Von Ungern sur son chemin vers le Tibet.
Aux travers du récit d’Elisabeth un peu d’humanité est donné au personnage si sombre et cruel de Von Ungern, sa personnalité tourmentée nous est révélée, on découvre sa complexité, sa fragilité. Il n’est plus seulement ce général mégalomane et cruel que l’Histoire a retenu. Les rapports qui se nouent entre Elisabeth et Von Ungern nous montrent autre chose de ce dernier, ses sentiments d’hommes, des plus touchants aux plus noirs. Le scénario de Rodolphe mélange habilement la grande Histoire et des aventures romanesques, les personnages authentiques et d’autres de pure fiction. Le récit est plaisant, rythmé, sans temps morts même quand on passe des scènes d’action à des scènes plus intimistes, notamment celles entre Elisabeth et Von Ungern.
Le dessin de Michel Faure, réaliste, au trait fin et précis, en couleurs directes, illustre à merveille le récit et en restitue parfaitement l’ambiance. Quelques belles « gueules » nous sont offertes ; les expressions des visages sont bien rendues, les costumes et équipements sont plus vrais que nature et quelques grandes cases nous révèlent les paysages immenses et les scènes de bataille.
Les amateurs d’Histoire, dont je suis, trouveront dans cet album une illustration réussie de la guerre sans merci entre russes blancs et rouges dans l’extrême Orient des années vingt, ainsi qu’une évocation de ce personnage si étrange du baron Von Ungern-Sternberg. Les autres amateurs de bande dessinée découvriront un récit d’aventure superbement mené et dessiné. Et cela sans oublier une bien belle description des sentiments et des tourments de l’âme humaine.
Un deuxième tome nous emmènera vers la fin tragique de Von Ungern et nous contera la suite du périple d’Elisabeth. Nous découvrirons avec plaisir l’évolution des rapports entre ces deux êtres si différents et marqués par le destin.