| Rédacteur : Philippe Cirta |
Je ne connaissais pas vraiment Jean-Christophe Chauzy avant de découvrir et d’apprécier (beaucoup) son nouvel album «Le reste du monde» paru chez Casterman.
Lorsque mes yeux se sont posés sur la couverture, soignée, de sa dernière BD, ma première réaction n’a pas été très positive. La lecture de quelques pages choisies au hasard ne m’a pas enthousiasmé même si, je dois bien le reconnaître, « quelque chose » m’a immédiatement accroché… J’ai donc persisté et entrepris une lecture complète, sans a priori et sans attente particulière.
Résumons tout d’abord cette histoire qui commence sur le rythme lent d’une fin de vacances d’été à la montagne pour Marie, une enseignante à la quarantaine pas très fringante, récemment « plaquée » par son mari pour une femme plus jeune qu’elle. Marie vient donc de passer seule avec ses deux jeunes fils un mois d’août écrasé de chaleur et notre petit monde s’apprête à quitter les Pyrénées pour rentrer à Paris. Après avoir confié ses deux lascars à des amis dans un village proche, Marie se prépare une fin de journée consacrée au nettoyage et au rangement du chalet. La perspective d’une soirée tranquille, sans gosses, ne semble pas dérider Marie qui rumine de sombres rancœurs tout en accomplissant ses tâches ménagères.
Des choses étranges arrivent peu à peu, des animaux affolés, des mouches collantes, le réseau téléphonique qui lâche. Le ciel devient d’une noirceur d’encre traversée d’éclairs fantastiques et un orage d’une violence inouïe se déclenche. Des trombes d’eau se déversent, un vent terrible emporte tout puis la terre se met à trembler fortement, très fortement. Une partie du toit s’effondre, Marie est blessée et perd connaissance. Lorsqu’elle reprend enfin conscience, elle découvre un paysage dévasté, post-apocalyptique.
Le téléphone ne fonctionne toujours pas et Marie prend son courage à deux mains pour aller à la recherche de ses enfants. En chemin nous découvrons avec elle une nature ravagée, arbres arrachés, routes coupées, cadavres d’animaux…
Le village est atteint et Marie découvre l’étendue des dégâts ainsi que les premières victimes. Sourde aux appels à l’aide, elle se précipite dans la maison de ses amis et finit par retrouver ses enfants, non sans mal. La petite famille, désormais renforcée par Plutarque, un bon gros toutou style nounours mais avec option défense, se met en route pour sortir de ce fonds de vallée coupé du monde et quitter ces lieux de désolation.
Le décor est planté, bouleversé. Les paysages sauvages des Pyrénées sont ravagés, les corps sont meurtris et plus encore les âmes qui retrouvent vite de l’animalité pour pouvoir survivre. Les rapports humains ne sont pas roses en situation d’urgence….
J’ai été très agréablement surpris par ce récit catastrophe qui ne reprend pas les poncifs habituels ; ici, pas de zombies affamés, pas de trains qui déraillent ou d’avions qui s’écrasent, les héros sont des gens ordinaires qui se retrouvent confrontés à une situation extraordinaire. Les personnages sont crédibles, le récit est rythmé, parfois violent, puis les choses se calment, l’attente s’installe, l’atmosphère devient étouffante, angoissante. Nous croisons des héros, Marie en est une, admirable dans la recherche de ses enfants, prête à tout pour les sortir de cette mauvaise passe. Nous croisons aussi des lâches, quelques salauds…
Le scénario est une réussite bluffante et cette histoire à grand spectacle, mais « à la française », tient toutes ses promesses. Il alterne la violence, celle des éléments déchaînés mais aussi celle des hommes dans leur lutte pour la survie, puis l’angoisse, celle de l’avenir qui n’est plus qu’à très court terme. L’espoir reste présent, ce qui permet à Marie de continuer à avancer et à faire ce qu’il faut pour sortir de cette vallée du bout du monde et trouver les secours.
J’ai en quelque sorte découvert, ou plutôt redécouvert, le dessin si spécifique de Jean-Christophe Chauzy qui m’a un peu dérouté. Mais la surprise passée, il faut bien reconnaître le talent de l’auteur et la parfaite osmose entre scénario et dessin.
Le trait est d’une relative imprécision et les couleurs sont parfois fades, parfois agressives, c’est dérangeant par moments mais le résultat est là, réussi. Les cent et quelques pages de l’album égrènent l’histoire très agréablement et je me suis senti vraiment accroché par ce récit. J'avoue que certaines cases sont pour moi quasi « irregardables » mais c’est probablement voulu, notamment le passage du cauchemar « marital » dans des tons rouge et orange.
Certaines grandes cases sont tout simplement magnifiques et nous montrent les paysages grandioses des Pyrénées. Les personnages ont des physiques de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, certains sont peu engageants, notamment Marie qui n’est pas souvent à son avantage. On croise des visages résignés, douloureux et aussi de sacrées trognes déformées par la rage et la haine. Tout cela sent le vrai et les émotions se révèlent, tout simplement.
« Le reste du Monde » est une très belle découverte qui m’a révélé Jean-Christophe Chauzy. Eh oui, il était temps !
Je ne peux que vous engager à affronter vous-aussi le typhon en compagnie de Marie et de ses enfants. Vous serez tenu en haleine et attendrez avec impatience la suite de ce beau récit de Jean-Christophe Chauzy.
Lorsque mes yeux se sont posés sur la couverture, soignée, de sa dernière BD, ma première réaction n’a pas été très positive. La lecture de quelques pages choisies au hasard ne m’a pas enthousiasmé même si, je dois bien le reconnaître, « quelque chose » m’a immédiatement accroché… J’ai donc persisté et entrepris une lecture complète, sans a priori et sans attente particulière.
Résumons tout d’abord cette histoire qui commence sur le rythme lent d’une fin de vacances d’été à la montagne pour Marie, une enseignante à la quarantaine pas très fringante, récemment « plaquée » par son mari pour une femme plus jeune qu’elle. Marie vient donc de passer seule avec ses deux jeunes fils un mois d’août écrasé de chaleur et notre petit monde s’apprête à quitter les Pyrénées pour rentrer à Paris. Après avoir confié ses deux lascars à des amis dans un village proche, Marie se prépare une fin de journée consacrée au nettoyage et au rangement du chalet. La perspective d’une soirée tranquille, sans gosses, ne semble pas dérider Marie qui rumine de sombres rancœurs tout en accomplissant ses tâches ménagères.
Des choses étranges arrivent peu à peu, des animaux affolés, des mouches collantes, le réseau téléphonique qui lâche. Le ciel devient d’une noirceur d’encre traversée d’éclairs fantastiques et un orage d’une violence inouïe se déclenche. Des trombes d’eau se déversent, un vent terrible emporte tout puis la terre se met à trembler fortement, très fortement. Une partie du toit s’effondre, Marie est blessée et perd connaissance. Lorsqu’elle reprend enfin conscience, elle découvre un paysage dévasté, post-apocalyptique.
Le téléphone ne fonctionne toujours pas et Marie prend son courage à deux mains pour aller à la recherche de ses enfants. En chemin nous découvrons avec elle une nature ravagée, arbres arrachés, routes coupées, cadavres d’animaux…
Le village est atteint et Marie découvre l’étendue des dégâts ainsi que les premières victimes. Sourde aux appels à l’aide, elle se précipite dans la maison de ses amis et finit par retrouver ses enfants, non sans mal. La petite famille, désormais renforcée par Plutarque, un bon gros toutou style nounours mais avec option défense, se met en route pour sortir de ce fonds de vallée coupé du monde et quitter ces lieux de désolation.
Le décor est planté, bouleversé. Les paysages sauvages des Pyrénées sont ravagés, les corps sont meurtris et plus encore les âmes qui retrouvent vite de l’animalité pour pouvoir survivre. Les rapports humains ne sont pas roses en situation d’urgence….
J’ai été très agréablement surpris par ce récit catastrophe qui ne reprend pas les poncifs habituels ; ici, pas de zombies affamés, pas de trains qui déraillent ou d’avions qui s’écrasent, les héros sont des gens ordinaires qui se retrouvent confrontés à une situation extraordinaire. Les personnages sont crédibles, le récit est rythmé, parfois violent, puis les choses se calment, l’attente s’installe, l’atmosphère devient étouffante, angoissante. Nous croisons des héros, Marie en est une, admirable dans la recherche de ses enfants, prête à tout pour les sortir de cette mauvaise passe. Nous croisons aussi des lâches, quelques salauds…
Le scénario est une réussite bluffante et cette histoire à grand spectacle, mais « à la française », tient toutes ses promesses. Il alterne la violence, celle des éléments déchaînés mais aussi celle des hommes dans leur lutte pour la survie, puis l’angoisse, celle de l’avenir qui n’est plus qu’à très court terme. L’espoir reste présent, ce qui permet à Marie de continuer à avancer et à faire ce qu’il faut pour sortir de cette vallée du bout du monde et trouver les secours.
J’ai en quelque sorte découvert, ou plutôt redécouvert, le dessin si spécifique de Jean-Christophe Chauzy qui m’a un peu dérouté. Mais la surprise passée, il faut bien reconnaître le talent de l’auteur et la parfaite osmose entre scénario et dessin.
Le trait est d’une relative imprécision et les couleurs sont parfois fades, parfois agressives, c’est dérangeant par moments mais le résultat est là, réussi. Les cent et quelques pages de l’album égrènent l’histoire très agréablement et je me suis senti vraiment accroché par ce récit. J'avoue que certaines cases sont pour moi quasi « irregardables » mais c’est probablement voulu, notamment le passage du cauchemar « marital » dans des tons rouge et orange.
Certaines grandes cases sont tout simplement magnifiques et nous montrent les paysages grandioses des Pyrénées. Les personnages ont des physiques de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, certains sont peu engageants, notamment Marie qui n’est pas souvent à son avantage. On croise des visages résignés, douloureux et aussi de sacrées trognes déformées par la rage et la haine. Tout cela sent le vrai et les émotions se révèlent, tout simplement.
« Le reste du Monde » est une très belle découverte qui m’a révélé Jean-Christophe Chauzy. Eh oui, il était temps !
Je ne peux que vous engager à affronter vous-aussi le typhon en compagnie de Marie et de ses enfants. Vous serez tenu en haleine et attendrez avec impatience la suite de ce beau récit de Jean-Christophe Chauzy.