| Rédacteur : Phil.B |
« Le Monde du Dessous » est le deuxième album de Didier Tronchet sur l’Amérique latine, lui qui a vécu avec femme et enfant pendant 3 ans en Equateur. Dans « Vertiges de Quito » (à lire d’urgence), il raconte sa vie dans cette ville surréaliste et fascinante, ainsi que les problématiques écologiques auxquelles les indigènes sont confrontés. Avec « Le Monde du Dessous », adaptation du roman d’Anne Sibran « Dans la montagne d’Argent », on sort du récit vécu pour se plonger dans les années 60, où le petit héros de l’histoire, Agustin, se voit confronté au quotidien de son père de cœur (à défaut de biologique) : il est mineur dans les mines d’argent de Potosi, en Bolivie.
À travers le regard et les paroles de cet enfant que l’on va suivre jusqu’à son adolescence, le lecteur entre de plain pied dans le folklore, les superstitions, les croyances, les légendes avec lesquels les boliviens vivent quotidiennement. C’est ainsi qu’un diable au sexe dressé ("l’Oncle") se retrouve mêlé à la destinée parfois tragique des mineurs de la montagne d’argent, ou que notre héros entame une discussion fascinante avec une princesse inca figée dans la glace depuis 500 ans, ou encore qu’une poupée de chiffon et de restes de cochon d’inde est chargée de finir l’œuvre du papa décédé dans la mine, pour qu’il puisse malgré tout accéder au paradis.
Le récit, raconté à la première personne par la voix d’Agustin, et accompagné de quelques rares dialogues en espagnol, transpire d’authenticité et de respect envers ce peuple, son histoire, sa spiritualité. On est pris aux tripes par la vision du monde de ce jeune garçon, vision que l’on imagine (ou espère) représentative de la population entière, du moins il y a 50 ans. Sans être naïf pour deux sous, le propos progresse, au fil des pages, vers une critique et une dénonciation géopolitique, sans jamais perdre la forme qui le rend si particulier, faite de métaphores religieuses et spirituelles.
Visuellement, Tronchet reste fidèle à ce trait faussement grossier et anguleux qui le rend reconnaissable entre mille, et nous gratifie de ses ambiances colorées totalement homogènes et cohérentes qui sont aussi sa marque de fabrique. On est même bluffé par quelques planches tout-à-fait vertigineuses. Tronchet illustre parfaitement le récit d’Anne Sibran, ne laisse aucun répit au lecteur, et tente gentiment de le perdre entre vision onirique et dure réalité.
En conclusion, « Le Monde du Dessous » vaut largement le détour et fait partie de ces albums qui laissent une drôle d’impression en le refermant, celle d’avoir une vision du monde sensiblement différente, et qui donne à réfléchir.
À travers le regard et les paroles de cet enfant que l’on va suivre jusqu’à son adolescence, le lecteur entre de plain pied dans le folklore, les superstitions, les croyances, les légendes avec lesquels les boliviens vivent quotidiennement. C’est ainsi qu’un diable au sexe dressé ("l’Oncle") se retrouve mêlé à la destinée parfois tragique des mineurs de la montagne d’argent, ou que notre héros entame une discussion fascinante avec une princesse inca figée dans la glace depuis 500 ans, ou encore qu’une poupée de chiffon et de restes de cochon d’inde est chargée de finir l’œuvre du papa décédé dans la mine, pour qu’il puisse malgré tout accéder au paradis.
Le récit, raconté à la première personne par la voix d’Agustin, et accompagné de quelques rares dialogues en espagnol, transpire d’authenticité et de respect envers ce peuple, son histoire, sa spiritualité. On est pris aux tripes par la vision du monde de ce jeune garçon, vision que l’on imagine (ou espère) représentative de la population entière, du moins il y a 50 ans. Sans être naïf pour deux sous, le propos progresse, au fil des pages, vers une critique et une dénonciation géopolitique, sans jamais perdre la forme qui le rend si particulier, faite de métaphores religieuses et spirituelles.
Visuellement, Tronchet reste fidèle à ce trait faussement grossier et anguleux qui le rend reconnaissable entre mille, et nous gratifie de ses ambiances colorées totalement homogènes et cohérentes qui sont aussi sa marque de fabrique. On est même bluffé par quelques planches tout-à-fait vertigineuses. Tronchet illustre parfaitement le récit d’Anne Sibran, ne laisse aucun répit au lecteur, et tente gentiment de le perdre entre vision onirique et dure réalité.
En conclusion, « Le Monde du Dessous » vaut largement le détour et fait partie de ces albums qui laissent une drôle d’impression en le refermant, celle d’avoir une vision du monde sensiblement différente, et qui donne à réfléchir.